Draps et autres ourlets

J’ai toujours cru qu’à 40 ans je saurai utiliser la machine à coudre de ma maman. Je pensais même que j’en aurais eu une à moi. Je ne pense pas que ce sera le cas, et c’est pas gênant au quotidien.

Mais bon. J’ai récupéré plein de vieux draps « une personne » avec des initiales brodées dessus et tout et tout, et on les a cousu (par « on » j’entends « mamie il y a 15 ans et maman plus récemment) dans la longueur pour que je passe des nuits avec les « draps qui grattent ». « On » (=maman) en a aussi fait mes doubles-rideaux de chambre, d’ailleurs.

Mais c’est la couture des draps qui se découd. Et je ne sais toujours pas faire les ourlets, non plus.

Je crois que je ne suis pas bonne à marier

10 livres

d’un coup, sans réfléchir
– Le comte de Monte Christo, pour la vengeance, pour l’histoire qui se déroule sur des dizaines d’années et le happy end)
– Le grand Meaulnes pour les descriptions de fête et d’attente
– La vie mode d’emploi, pour l’imbrication des histoires, qui fait sens tout à coup
– La horde du contrevent, pour ces voix qui s’élèvent et l’inventivité de l’histoire
– Prélude à fondation, parce que c’est celui là que j’ai lu en premier
– Corpus delicti, il en faut bien un en allemand, et celui là est excellent
– Je voudrais que quelqu’un m’attende quelque part, je sais, c’est dégoulinant, comme livre, mais c’est comme ça
– Lignes de faille un Nancy Huston typique, mais que j’adore
– Dalva, une magnifique histoire de femme
– celui que je n’ai pas encore lu

(et je vous rappelle que les livres que j’ai lu cette année, sont tous listés ;))

366/283 Une personne insignifiante. Vraiment ?

Grand débat vendredi soir sur l’importance de chacun d’entre nous.
L’un disant qu’une retraite dans un monastère apprend que le monde tourne très bien sans notre présence, et que notre présence se porte très bien sans le monde.
Ma théorie est différente. Je crois que l’on fait tous une différence. Dans le mauvais sens, mais aussi dans le bon. Comme chacune des personnes de mon entourage font une différence, pour moi.
C’est sur qu’aucun d’entre nous ne finira dans les livres d’histoire, mais chacun d’entre nous peut rendre la vie de ses amis plus simple, plus belle, plus facile.

Ils ont dit

tellement de choses. On a fait des kilomètres, pris des bus pour l’autre bout du monde, découvert Sandershausen et Dortelweil, les subtilités de la tarification des transports en commun du Land Hessen.

Couru pour changer de train, partagé des Mohnkuchen, des Sahnetorte, des Kürbiskernbrötchen, des rires.

Regardé Tatort, bercé un petit garçon, discuté dans un train, détendu une soupe avec du jus d’orange, mangé une fondue sur la terrasse, parlé une heure au téléphone avec celui qui nous manquait.

Mon allemand est revenu et j’ai lu des histoires… On a ri et discrètement, rempli ma clé USB de « deutsche Musik für fred », vol II.

Sur cette clé il y a une chanson qui dit « aujourd’hui ici, demain là-bas », et une autre qui dit « bonne nuit, les amis ».

unsere neuen Falten stehen uns gut, Kind auf dem Schoss, Bahncard Business Confort, Wohnung gekauft… Mein Hund kann Yoga!

(nos nouvelles rides nous vont si bien, un enfant sur les genoux, une carte de réduction platinum, l’achat d’un appartement, mon chien fait du yoga!)

face B

Réveil avant le réveil, le lit est tout chaud. les pyjamas en pilou, on a jamais fait mieux. Coup d’œil sur le portable rien. Musique, bouilloire, arrosage des plantes. Ya une nouvelle pousse sur celle-là, je me demande ce que c’est, en tout cas je suis fan de ce vert.

Il fait frais. Sencha. Douche. Ah tiens, si je me passais des talons aujourd’hui ? Pas de réunion prévue. Bus. chouette je peux lire quelques pages avant qu’il n’arrive… où en sont Richard et Kahlan ? Passage de la sécurité. Bonne journée à vous aussi.

Première dans les couloirs, allumage d’ordi, des hauts parleurs, de l’écran, imprimante. Pendant que tout cela se lance, bouilloire. Hojicha, comme tous les matins. Revue de presse. J’aimerais bien qu’ils me mettent Canteloup de temps en temps dans la revue de presse… continue de rêver. Les collègues arrivent, défilé dans le bureau, rapide check du programme réunion de la journée. Chargée, pas chargée… Tout ça c’est pareil ça avance lentement mais sûrement.

Ah tiens, un mail de remerciement ! En même temps je mérite ! jme suis décarcassée pour trouver sa réponse, à lui ! Shuffle, David Bowie, sifflotage et rédactionnage. Thé collectif. Un Chun Me aujourd’hui.

Continuons. Ah tiens, je barre des items sur ma to-do list ! Hop, une relecture et une actualisation. Je crois que là je passerais l’info dans un encadré, elle ressortirait mieux, tu crois pas ? Et si on faisait un lien vers cette page ? Attends je crois que j’ai une liste toute prête…

Oh, téléphone… Ca parle boulot puis à la fin. Hey je suis allée au théâtre, un texte de Desproges, un régal, vas-y ! Bon, alors, qu’est-ce que j’ai oublié pour que tout soit orange ? Yuuuuuuuuuuuuurgl! allez, on reprend tout. Yey, tout est rentré dans l’ordre !

Dej entre copines. Mais il est taré Sancho! Oh ben pas autant que Catherine de Russie. Tour dans le quartier, bâtiments haussmaniens, on traine, on rigole.

Back to work. Boulot. Tête dans le guidon… ça avance. hé, ya des majuscules là ou pas ? Bon, allons consulter l’oracle. Cours d’Histoire. réunion. Bon, on a deux options, on choisit quoi ? Et quelle illus’? Ok.

Spotify, oh tiens de l’allemand. Et si j’écoutais un ptit coup de Sportfreunde Stiller ? si j’osais je mettrais un ptit coup d’Helge Schneider mais hum… Oh, une connerie sur FB!

La nuit tombe. C’est l’heure. Rentrage à pied. Le vierbeinerbrücke… petit vent frais…

Maison, pyjama, tisane, bouquin. Tu vois, tu ne me manques pas.

I still have sand in my shoes

retrouver au fond d’un sac à main, un ptit mot glissé au matin et pas lu à l’époque. Un billet de train  comme marque page dans un livre. Une carte postale fixée à la porte depuis si longtemps que mon regard ne l’effleure même plus.

Des bribes de passé auxquelles j’entremêle des envies de futur. Des tas de papiers dont j’extrais une phrase ou deux, à la manière d’un alambic. Des cahiers qui se remplissent et que je feuillette ou glisserai dans ma valise, pour offrir.

Et toutes ces petites choses qui n’ont laissé de trace que dans mes souvenirs. C’est sans doute aussi bien comme ça, sans doute. Mais si je ne me souviens pas, qui se souviendra ?

« Que faire d’un passé ?
Mais tu le sais bien ! des phrases. » (Paul Valéry)

better to be hated for what you are than to be loved for what you’re not

Tourner autour du client mail pendant 3 jours sans réussir à écrire les mots qu’il faudrait. Réfléchir à chaque tournure de phrase, à l’objectif derrière. Appuyer sur envoyer.

Attendre. Attendre. Partir du principe que si moi je mets 3 jours à l’écrire, on pourrait mettre des semaines à répondre. On pourrait aussi… ne pas répondre.

C’est une question que je me pose depuis des années, savoir quand commence une histoire, savoir jusqu’où on pourrait aller, jusqu’où on ira. Dans ma langue, on se demande si on est Bekannte, Freunde, ou quoi que ce soit d’autre. Si le prochain déséquilibre qu’on créera nous rapprochera ou nous éloignera, prendre des risques mesurés, ou pas de risques du tout.

Dire Next ou tenter, malgré tout. Tenter et vivre un truc chouette, être sur la ligne de crête pendant quelques jours/mois/années. Et puis en redescendre, chacun de son côté. Pour se retrouver sur le quai d’une gare, à un carrefour des années après et constater que

Nos histoires d’amour sont les mêmes
Comme si nous avions pratiqué
Dans des piscines parallèles
La natation synchronisée
Nous avons cru faire une transat
En solitaire mais à la place
Nous ne dessinons sur l’asphalte
Qu’un ballet d’Holiday on ice

ou bien ne pas nous retrouver, du tout. Parce que pas l’énergie, parce que pas envie ou parce que… truc encore plus beau.

La vie est trop courte pour retirer le périphérique usb en toute sécurité.

[avec une spéciale dédicace à celui qui a perdu un Diplomarbeit comme ça, et qui y a trouvé seine beste Freundin].