tu fais la liste, ensuite tu pondères, et enfin tu choisis, raisonnablement

ça, c’est le plan. Mais en vrai je peine déjà à faire la liste de tout ce dont j’ai envie, alors quant à passer à l’action… Essayons d’essayer, quand même.

Donc, j’ai envie:

-de reprendre une carte UGC illimité (ce qui serait bête parce qu’en fait je n’en aurais besoin que pour trois mois, pour l’entre saison, en fait).

-d’aller voir Pina au cinéma

-de prendre des places pour thiérée au théâtre marigny (mais 1. les meilleures places doivent déjà être vendues et 2. je n’ai plus de rein à vendre)

-de me refaire masser les pieds, ou plutôt de prendre un abonnement pour me faire masser les pieds régulièrement

-de douceur

-d’assurer mon rôle de soeur et de cousine mieux que je ne le fais en ce moment

-et par dessus tout, de me faire un kil en 4 nages (à l’envers parce commencer par le pap n’est pas une bonne idée) et d’enfin respirer librement.

Jsais bien jsais bien… je commence demain.

tea and coffeine

cette semaine a été placée sous le signe de l’adrénaline, on m’a fait peur, et j’ai joué à me faire peur, aussi.
Mais parfois avoir peur c’est réussir à avancer, ne pas se laisser enfermer dans des situations qui ne me plaisent plus (si tant est qu’elles m’aient déjà plu).
Mercredi soir le funambule est tombé. C’est pas une image, c’est la réalité, et ca se passait sous le chapiteau de la villette. Pendant un instant qui m’est apparu comme une éternité il n’a plus bougé et un silence tragique a régné sur la salle.
Je vais revoir le spectacle ce soir et je ne sais pas si il sera remonté sur son fil, ni même s’il en est capable. Les risques du métier, prétendent certains.
Même si on prend des risques et qu’on en est conscient, j’aimerais pourtant garder à l’esprit que le pire n’est jamais sûr.
Et rien que parce que dans sa vie professionnelle ce garcon a choisi de se mettre consciemment en danger, d’avancer droit sur un fil étroit, je l’admire. et je lui souhaite bon vent, aussi.
Parce que comme le pire n’est jamais sûr, la prochaine fois, son salto ne l’emmènera pas à l’hôpital.

lundi 26 octobre – Beijing

Au programme aujourd’hui: la place Tien An Men, la Cité interdite et le parc olympique (oui mes journées commencent TRÈS tôt). La veille au soir, E. m’écrit les premières des fameuses « E.’s sticky notes », un nouveau concept a importer. Des post it sur lesquels sont marqués les noms des endroits que j’ai envie de visiter. Je n’ai besoin que de les présenter au chauffeur de taxi ou à quelqu’un lorsque je suis perdue (ce qui m’arrive plus souvent qu’à mon tour… je suis comme Marcus, perdu dans mon propre musée*)
J’avais prévu de visiter le musée de l’urbanisme pour essayer d’avoir une vue globale, le matin, mais en fait, le temps est magnifique et je décide de renoncer à la visite pour avoir plus de temps à trainer sur la place Tien An Men et dans la Cité interdite.
Je commence par la place. Enorme, gigantesque, imposante et… moche. Bâtiments staliniens: je pense à Berlin souvent lors de mon voyage en Chine, il y a beaucoup d’analogies malgré les énormes différences de culture. Ca doit être ce qu’on appelle le communisme.
Malheureusement les bâtiments officiels sont fermés à la visite ce lundi. Autant je n’avais aucune envie de visiter le tombeau de Mao, autant j’aurais aimé jeter un oeil à l’hémicycle du parlement, qui peut contenir 10 000 personnes. Tant pis.

Après avoir flané et halluciné sur le nombre d’uniformes présent au m² sur cette place (je ne sais pas du tout faire la différence entre les différents uniformes, il ne doit pas uniquement s’agir de policiers ou de soldats mais pour moi c’est pareil) je me dirige vers la porte de la Cité interdite, ornée d’un immense portrait de Mao. La foule est dense: une route à 8 voies passe devant la porte, et les gens font la queue pour pouvoir traverser par un passage souterrain: les sacs sont tous systématiquement scannés. Heureusement je suis déjà passée là avec les garçons hier, j’ai déjà eu un bon aperçu de ce qu’il faut faire pour passer sans perdre de temps, mais avant, je vais admirer l’opéra de Beijing. J’ai un coup de coeur pour ce bâtiment,. Une structure pleine de grâce et de légèreté. Je me lâche sur les photos…
et revient vers la foule de la Cité interdite. Devant les murailles je me fais prendre en photo avec des inconnus pour la première fois. Evidemment au début je pense qu’ils veulent que je fasse leur photo, du genre « toute la famille devant la cité » mais je finis par comprendre que c’est moi, l’attraction, là! Le soir les garcons m’expliquent que c’est très courant, et effectivement, la scène se reproduira, surtout à Hangzhou, d’ailleurs.
Vous décrire par le menu tout ce que la dame de l’audioguide m’a fait voir dans la cité interdite, ce serait fastidieux. Mais vous dire que la plupart des bâtiments sont en parfait état car rénovés pour les JO, ca, je peux. Le soir même on compare les photos d’Andreas faites en 2000 et les miennes, ca n’a rien à voir. Il reste quelques toits sur lesquels poussent les herbes folles, et où j’ai l’impression d’être la seule touriste. Je ne sais pas pourquoi je trouve ca si important de voir des choses comme ca, mais le fait est que même au milieu des touristes, dont je fais pourtant à 100% partie, j’essaye de voir autre chose…
En tout cas je passe 4heures dans la Cité interdite, (et il m’en manque au bas mot la moitié, mais je commence à saturer), puis je gravis la colline de charbon, qui est juste à l’extérieur. De là, on a une vue terrible sur la ville, et surtout sur la cité (ici si j’avais pas la flemme je vous mettrais une photo). C’est magnifique, mais je ne suis pas la seule à avoir cette opinion et je me sens un peu oppressée. Du coup, je prends un taxi pour me rendre sur les lieux des JO.
Où je découvre le fameux « nid d’oiseau » et le « cube d’eau ». Le nid d’oiseau est tel qu’on l’a vu à la télé, et finalement n’a pas grand chose de plus qu’un grand stade, hormis sa flamme, éteinte, qui est maintenant couchée à l’horizontale sur le stade.

Le cube d’eau, lui, est en… rénovation. 6 mois après son ouverture. On ne peut donc pas le visiter. Renseignements pris, ils sont en fait en train de le transformer en centre aquatique ouvert au grand public. L’endroit est très calme, les énormes centres commerciaux sont fermés et il y a peu de visites. La visite est faite rapidement.
Je rentre tranquillement en metro et retrouve le Dr.Dr., qui m’emmène dans un immense marché comme j’en verrai plusieurs, avec tortues(!), crabes, légumes, viandes, épices… je passe du temps dans cet endroit (alors que le Dr. Dr. fait les courses, hihi).
J’ai marché des kilomètres et en ai pris plein les yeux, alors je me cale dans un coin de la cuisine et je regarde les garcons cuisiner, le soir nous préparons les excursions du lendemain et je commence à discuter sérieusement du reste du voyage…

*celui qui trouve cette référence gagnera mon estime…

Le défi des cartes postales jolies.

Eh ouais. Finalement les cartes postales moches, c’est rigolo, mais ca vaut que pour les endroits dont on a déjà des vues jolies. Recevoir une carte postale moche de l’autre bout du monde, je trouve ca dommage (je vieillis -mais je continue d’envoyer des cartes postales moches de Paris à certains happy fews toudmême-).
Le bilan de cet été, provisoire car le 15 août, c’est pas vraiment la fin de l’été, ca donne…
postcards
celle qui m’a rendue jalouse au dernier degré:
-l’île de Pâques (eh ouais, ca l’aurait moins bien fait si ca avait été moche, là)
celle qui m’a fait rêver:
-l’Inde
celle qui m’a rappelé de bons souvenirs:
-Bora Bora
celle qui m’a surprise à mort:
-le Kenya
celle qui a suscité l’indulgence (du type « oui ok face à Paris… »)
-l’Insel Reichenau
celle qui a mis le plus de temps à arriver:
-l’Italie
celle que je savais même pas qu’elle y était:
-l’Espagne
celle qui prouve que le harcèlement paye:
-le Portugal
celle avec le grigri le plus indéchiffrable:
-la Bretagne.
J’aime bien avoir un bout de bonheur dans ma boîte aux lettres. Et j’aime aussi en envoyer plein 🙂

[la précision absolument pas scientifique de ce blog m’oblige à mettre à jour, j’ai recu hier une carte postale amstellodamoise. Sur laquelle je ne vais pas faire le moindre commentaire.]

Echo

Rentrer à pas d’heure, changer de lit régulièrement.
N’avoir de comptes à rendre à personne, ne pas se sentir obligée. Ne pas se sentir évaluée, jaugée. Dégager les gens qui n’approuvent pas (excepté un, mais c’est juste parce que… je sais toujours pas).
Ne pas voir les gens pendant des mois. Ne pas se faire imposer un cercle d’amis, partir sur un coup de tête, discuter jusqu’à pas d’heure, réfuter l’idée de générosité (en parfaite mauvaise foi).
Se concentrer sur sa famille à soi, régler ses propres conflits et incohérences.
Se fixer des objectifs non négociables.

Alors je vais pas te dire que ca ne me manque pas, un sourire quand l’autre se réveille. Je vais pas te dire qu’un soutien inconditionnel serait de trop. Je vais pas non plus te dire que c’est rose tous les jours.

Je vais juste te dire que si j’ai presque oublié ce que c’est que d’avoir UN ami, je savoure tous les jours d’avoir DES amis. Et que si c’était à refaire, je signe des deux mains, et j’apprends à faire des peintures du pied et de la bouche. (et je vendrai mes oeuvres pour combler mon découvert.)

le jour où je procrastine, vol. 672

En fait je ne devrais pas compter en jours de procrastination, mais en années. Ceci dit, je procrastine again, et c’est MAL. Et savoir que je ne suis pas toute seule à procrastiner, savoir aussi que je m’impose ça à moi-même alors qu’il n’y a pas d’urgence et que je pourrais tout à fait me satisfaire de ma médiocrité actuelle n’arrange rien à l’affaire. Au contraire.
Ceci dit, écrire une lettre de motivation avec la méthode AMARC (déformation professionnelle) ca donne un truc tout bizarre, alors 100 fois sur le métier j’ai remis mon ouvrage. Marrant, je passe ma journée à écrire où à aider d’autres gens à écrire (les bienfaits de l’assistance…), mais quand c’est autre chose que des cartes postales, j’ai du mal.

Enfin bon, je dis ca, mais la lettre est écrite, maintenant. Donc… Finalement tout cela n’est pas si grave. Et ma procrastination a duré moins d’une matinée. Elève Frédérique, z’êtes en progrès. (ou bien vous en avez vraiment marre de votre boulot actuel).

du retour en milieu hostile.

Rentrée hier soir, ce terminal E avec son arrivée voyageur super loin de l’arrivée des bagages est super design, mais pas vraiment pratique, 50 minutes entre l’atterrissage et la sortie, c’est long (surtout quand on a une étiquette « prioritaire » sur son bagage.)
De quoi se remettre directement dans le bain des petits tracas quotidiens (bon ok, la douane américaine avait dja fait fort à ce niveau!). Mais des étoiles plein les yeux.
Je me suis rarement sentie aussi bien, détendue, qu’à 15 572 kil de Paris (selon la pancarte croisée à Morea). Vous voyez la pub Tahiti douche? Ben c’est pas une pub mensongère, même si elle cache pas mal la réalité du pays. Parce que oui, la Polynésie est un POM, alias Pays d’Outre Mer, ce qui veut dire que les lois francaises ne s’y appliquent qu’après validation par l’assemblée de là bas.
Journée de boulot normale. Les choses reprennent la place que je n’aurais jamais dû leur laisser prendre. Ca sent le changement, peut-être. C’est encore trop tôt, la charrue, les boeufs, le contexte difficile et puis le « tu n’es pas prioritaire ». Sauf que Tahiti a réveillé l’envie d’être prioritaire, et d’être actrice. Même si ce n’est que de ma propre vie.
Et puis les mails qui attendaient sagement mon retour du taf, ce soir. La petite attention qui me touche plus que je ne saurais dire. Et une fois de plus, je remets mes choix en question.
[Non, il n’y aura sans doute pas de photos ici.]

Les fabuleuses aventures d’un Indien malchanceux qui devint milliardaire, Vikas Swarup.

-Quel nom avez-vous donné à ce garçon?
– Joseph Michael Thomas.
– N’est-ce pas un nom chrétien?
– Si, mais…
– Comment savez-vous qu’il est né de parents chrétiens?
– En fait je n’en sais rien.
– Alors pourquoi lui avoir donné un nom chrétien?
– Il fallait bien que je lui trouve un nom. Qu’est-ce qui ne va pas avec Joseph Michael Thomas?
– Tout. Ignorez-vous, mon père, la force de l’opposition à la conversion dans cette région? Plusieurs églises ont été incendiées par la populace en colère, à qui on a fait croire qu’elles servaient de lieu aux conversions massives au christianisme.
– Mais il ne s’agit pas d’une conversion.
– Écoutez, mon père, nous savons que vous n’aviez aucune arrière pensée. Mais le bruit court que vous avez converti un petit hindou.
– Comment savez-vous qu’il est hindou?
– Ça n’aura pas d’importance aux yeux de la foule enragée qui viendra saccager votre église demain. C’est pour ça que nous sommes venus vous aider. Pour calmer les esprits.
– Et que me suggérez-vous?
– Ma foi… Lui donner un nom hindou pourrait régler le problème. Pourquoi ne pas l’appeler Ram, d’après l’un de nos dieux favori? a dit M. Sharma.
M. Hidayatullah a toussoté discrètement.
– Pardonnez-moi, monsieur Sharma, mais le remède n’est-il pas pire que le mal? Allons, qu’est-ce qui nous prouve que ce garçon était hindou à la naissance? Il était peut-être musulman, vous savez. Pourquoi ne pas l’appeler Mohammad?
Dans la demi heure qui a suivi, M Sharma et M. Hidayatullah ont débattu des mérites respectifs de Ram et de Mohammad. Finalement, le père Timothy a capitulé.
– Écoutez, s’il suffit d’un changement de nom pour éviter une émeute, je le ferai. Et si j’acceptais vos deux propositions et appelais le garçon Ram Muhammad Thomas? Comme ca, tout le monde y trouverait son compte.
C’est une chance pour moi que monsieur Singh ne soit pas venu ce jour-là.

C’est un livre à la fois drôle et triste où l’on apprend (entre autre) que la richesse d’un Indien se mesure à la taille de sa télé et où l’on découvre comment un serveur peut gagner un milliard de roupies. C’est un texte (édité en poche chez 10/18) très divertissant, où seule l’intrigue rend compte du lieu où l’histoire se passe: le style est beaucoup moins « exotique » que ce que je craignais, ce qui a fait de ce bouquin le compagnon idéal de cette semaine de grèves en tout genre.

[Cresson: merci à la personne qui me l’a conseillé.]
[Cresson²: je n’ai plus que 3 livres dans ma pile, si vous avez des idées, je suis preneuse… Seules conditions: des livres en francais ou en allemand, trouvables en bibliothèque.]

Soie, d’Alexandro Barrico

Le matin du dernier jour, Hervé Joncour sortit de sa maison et se mit à errer à travers le village. Il croisait des hommes qui s’inclinaient sur son passage et des femmes qui, en baissant les yeux, lui souriaient. Il comprit qu’il était arrivé non loin de la demeure d’Hara Kei quand il vit une immense volière qui abritait un nombre incroyable d’oiseaux, de toutes sortes: un spectacle. Hara Kei lui avait raconté qu’il les faisait venir de tous les endroits du monde. Quelques-uns d’entre eux valaient plus que toute la soie produite par Lavilledieu en une année. Hervé Joncour s’arrêta pour regarder cette folie magnifique. Il se souvint d’avoir lu dans un livre que les Orientaux, pour honorer la fidélité de leurs maîtresses, n’avaient pas coutume de leur offrir des bijoux: mais des oiseaux raffinés, et superbes.

C’était beau, même magnifique. Trop court, bien évidemment, mais épuré pour que rien ne parasite le propos de l’auteur. Je me suis régalée, repoussant le plus possible la fin de la lecture pour savourer encore les mots qui décrivent cette histoire de passions et de voyage. Et du coup, j’ai peur de trop en dire, et l’extrait sera plus long que mon baratin!