toi, sur ce quai

Je t’assure avant de te voir, je ne pensais pas avoir autant de souvenirs. Tu as l’âge qu’il avait la dernière fois que je l’ai vu. Tu as sa couleur de cheveux, et quand tu parles, certaines de tes expressions me serrent le coeur. Vous avez la même façon de vous ronger les ongles.

la même politesse. Il était plus expansif, occupait l’espace pour cacher le gouffre. Il se rendait intéressant. ne t’inquiète pas, j’ai aussi noté les différences. Tu es beaucoup plus posé, et tu assumes ton silence. Tu assumes tes talents, aussi. Je crois volontiers celles qui me disent qu’aujourd’hui, tu as été beaucoup moins renfermé que d’habitude.

Tu sembles familier, comme si nous avions grandi ensemble et pourtant c’est la deuxième fois que nous nous rencontrons. Tu te souviens de Papi Yous et de la maison de Montbéliard. Moi aussi mais je ne te replace pas dans ce décor. J’imagine que toi aussi tu as été fasciné par le bassin aux poissons rouges. Tu savais qu’un été, avec Annette, on l’a nettoyé ? Tu sais que les écureuils venaient jusque sous la fenêtre chercher les noisettes ?

Comme tu dis rien, je sais pas. Tout ce que je peux dire, ce soir, c’est que sur ce quai, il y a quelques heures, j’ai cru que tu étais un autre. et que ce soir, dans mon fauteuil, je sais que tu es toi, et je suis contente de savoir que tu existes, que tu vis, que tu souris. Tu es l’écho lointain de cette voix chère qui s’est tue.

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